Découvrez ma traversée de l'Atlantique lors de la Mini Transat. Bien plus qu’une simple compétition sportive, une aventure riche en défis, rencontres inoubliables, et moments uniques.
Cap sur la Guadeloupe
Le lundi 13 novembre à 1h41, heure de Paris, un rêve de longue date s'est concrétisé à bord de Nicomatic. J'ai franchi la ligne d'arrivée en Guadeloupe, clôturant ainsi une traversée en solitaire lors de la Mini Transat. Ma 15e position parmi les Proto ne reflète que partiellement les défis relevés, car cette épopée va bien au-delà du simple classement.
La deuxième étape de la Mini Transat, la véritable traversée de l'Atlantique, a été une leçon profonde de détermination et de persévérance. Rapidement confrontée à une défaillance de mon pilote automatique après seulement 10 heures de course, j'ai fait escale à Hierro, aux Canaries. L'accueil chaleureux reçu a été exceptionnel, soulignant la solidarité unique qui règne en mer.
Le soutien inattendu de Paul Fraise, ancien dirigeant de NKE, a été déterminant pour réparer mon pilote. Les nuits étoilées, le clapotis de l'océan, et les vents changeants ont été mes compagnons dans cette aventure solitaire. Malgré des incidents, dont la casse de la drisse du spi max et des problèmes d'étanchéité du foil, j'ai persévéré.
Naviguer sur un voilier de 6.50 mètres était un défi que je m'étais obstinément fixé. Malgré un arrêt de 12 heures et des soucis techniques, l'objectif principal a toujours été d'arriver. Les épreuves physiques et mentales, comme la perte d'eau et les problèmes d'orientation, ont renforcé ma résilience. La solidarité en mer a été exemplaire, chaque compétiteur prêt à aider.
Au-delà des défis sportifs, cette expérience représente une aventure entrepreneuriale intense. La construction de Nicomatic, mon voilier innovant, a été une prouesse technique, chaque pièce assemblée une victoire sur les éléments.
Deux semaines après mon arrivée, en contemplant le rivage de la Guadeloupe, je réalise que chaque kilomètre parcouru était une étape vers la réalisation de mon objectif. La Mini Transat ne se mesure pas seulement en positions sur le classement, mais en souvenirs et en leçons apprises.
Cette aventure restera gravée comme une victoire personnelle, un chapitre de détermination, d'audace et de passion.
Les défis et réussites de ma deuxième étape
La navigation en haute mer est complexe entre les vents capricieux et les vagues insaisissables, une symphonie où chaque choix prend une importance cruciale. Ma récente traversée lors de la Mini Transat m'a offert une expérience unique, pleine de défis inattendus et de triomphes personnels.
Dès le départ, j'ai compris que la force du vent n'était qu'une facette de l'équation. L'état de la mer, joue un rôle tout aussi vital. Face à des prévisions annonçant des vents plus forts au sud, mais également des vagues dépassant les trois mètres, j'ai pris la décision stratégique de naviguer vers des vents légèrement moins puissants. Un vent de 12 à 13 nœuds, dans des conditions de mer optimales, était amplement suffisant pour me faire voler. La prudence s'imposait, et mon choix s'est révélé judicieux.
Malgré un retard dû à un arrêt à Hierro, j'ai opté pour rester aussi près que possible de la route directe, espérant que le vent serait suffisant pour maintenir le vol. Cependant, la mer capricieuse a souvent contredit les prévisions. Des jours où le vent était plus fort que prévu, d'autres où des vagues croisées rendaient le vol impossible. Au final, j'ai dû jongler entre barrer et voler, une dualité qui a défini 50% de mon temps en mer.
L'optimisation constante de ma route était ma quête quotidienne. Pourtant, un défi technique inattendu est survenu avec mon GPS Furuno 39. Ce n'est qu'au dernier jour que j'ai découvert un décalage de 16 degrés entre la route que je croyais suivre et mon cap réel, dû à un affichage incorrect. Ce problème a atteint son paroxysme lors de la layline du dernier jour, augmentant la distance parcourue bien au-delà de mes prévisions.
Malgré ces obstacles, j'ai gardé le cap, cherchant constamment à optimiser ma navigation. Mon GPS défaillant a été un défi, mais j'ai pris cela comme une leçon coûteuse sur l'importance des instruments fiables en haute mer. Chaque problème technique a été une opportunité d'apprentissage, et je suis résolue à éviter les mêmes erreurs à l'avenir.
En tant que novice en haute mer il y a seulement un an et demi, cette traversée a été une école de vie. Je me sens désormais à l'aise au large, prête à embrasser de nouvelles aventures maritimes.
Un Équilibre entre défis physiques et complexités électroniques
Physiquement, l'expérience a été extrêmement exigeante. Mon bateau, bien que pratiquement neuf, était en quête de sa première traversée transatlantique. Les petites améliorations nécessaires étaient inévitables, mais la construction rigoureuse orchestrée par Kilian Goldbach et Malric Leborgne a assuré une fiabilité générale. Le matelotage impeccable de Julien Barnet a également évité toute casse majeure, malgré les inévitables épreuves subies par tout prototype en cours de route.
Cependant, la préparation n'a pas été sans obstacles. Les péripéties liées à l'électronique ont constitué le lot majeur de mes soucis. Les instruments de mesure de la force et de la direction du vent sur mon pilote ont soudainement décidé de faire grève, ajoutant une couche de complexité supplémentaire à une aventure déjà ardue.
Le bateau a été mon refuge, mais aussi le témoin de ma lutte quotidienne contre les éléments. Les casses fréquentes, typiques des prototypes, m'ont handicapé. Pourtant, ce qui a réellement mis à l'épreuve ma détermination, ce sont les problèmes liés à l'étanchéité. Les défaillances du système d'étanchéité de foil et du carénage de la quille ont transformé le bateau en un défi constant d'écopage. Les jets d'eau salée à la barre, combinés aux fuites internes, ont transformé chaque tâche en une bataille pour préserver non seulement ma sécurité, mais aussi mes biens.
Les conséquences physiques de cette bataille avec les éléments étaient inévitables. Après cinq jours, ma peau avait cédé, rendant l'assise douloureuse pour le reste du voyage. Les ongles, témoins silencieux de l'adversité, se sont décollés au bout de dix jours. Une expérience dure tant physiquement que mentalement, remettant en question la viabilité d'une telle aventure.
La pression mentale a atteint son paroxysme lorsque, pendant les quatre derniers jours, j'ai perdu tout accès aux données aériennes et mes instruments de mesure ont commencé à donner des informations erronées. La navigation devenait une danse délicate avec l'inconnu, compromettant mon sommeil et, par extension, ma performance générale.
Malgré ces épreuves, la Mini Transat a été parsemée de moments magiques qui éclipsent les difficultés. Cependant, il est essentiel d'améliorer certains aspects pour rendre le bateau plus habitable. Confort, étanchéité, et robustesse électronique sont des domaines clés à développer pour les futures traversées.
En conclusion, la Mini Transat est un défi qui révèle autant la force de l'esprit humain que les faiblesses de la technologie. Une aventure que je ne referais peut-être pas dans ces conditions, mais qui, malgré les épreuves, m'a laissé assoiffé d'une nouvelle tentative, peut-être avec un peu plus de confort pour équilibrer les forces de la nature avec celles de la technologie moderne.
La Guadeloupe, parenthèse reposante après la Mini Transat
Après une année d'entraînement acharné, de qualifications en course et d'affrontement avec l'une des épreuves les plus exigeantes de ma carrière, j'ai franchi la ligne d'arrivée de la Mini Transat. Cette aventure en solitaire a été bien plus qu'une simple course, c'était un test de détermination et de passion. À présent, je m'accorde quelques jours de repos bien mérités en Guadeloupe, pour récupérer physiquement et mentalement. Ces moments de tranquillité me permettent de revivre les hauts et les bas de cette expérience unique.
Ma tâche n'est pas terminée avec la ligne d'arrivée. Les jours suivants seront consacrés au soin de mon bateau en vue de son rapatriement à Lorient. Car cette aventure continue au-delà de la course, dans les moments de récupération, de réflexion et de gratitude. Chaque course est une opportunité d'apprentissage et de croissance. Je réalise que la vraie récompense réside dans les leçons tirées des défis surmontés. Alors que je me prépare pour de nouveaux horizons, je suis conscient que chaque vague, chaque instant de solitude en mer, contribue à forger la personne que je suis devenue. La Mini Transat n'était pas simplement une course, c'était une exploration de soi au cœur des océans, une aventure qui continuera à me guider vers de nouveaux défis passionnants.
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